La cérémonie fut magnifique et harassante. Pie VII avait refusé que Napoléon se sacre lui-même afin de respecté la dignité du rite traditionnel. Mais à Notre Dame Napoléon fut mû par un sens artistique de la gloire. Son geste " à la fois impérieux et calme ", si étudié qu'il en paru spontanée et par lequel, devançant le pontife, il saisit la couronne pour la placer lui-même sur sa tête, il sut le rendre si noble et si grand que tous les assistants sentirent qu'il appartenait à l'Histoire. La prééminence de l'Etat sur l'Eglise.
Napoléon est Empereur.
Debout, revêtu de son éblouissant costume de sacre, tournant le dos au Pape et à l'autel, il sourit et regarde attendri, Joséphine qui émue, s'avance vers lui. La traîne de son somptueux manteau d'hermine est soutenue par sa fille et ses belles sœurs. Les larmes de l'Impératrice roulent sur ses mains jointes " qu'elle élevait bien plus vers son mari que vers Dieu " (Laure d'Abrantès).
L'Empereur accomplit maintenant son premier geste de souverain. Il prend avec une " lenteur gracieuse " la couronne de sa femme, la place un instant sur sa tête, comme si il voulait l'Impérialiser, puis la dispose " avec coquetterie " sur le front de sa chère créole.
L'Empereur et l'Impératrice s'installent sur leurs trônes, le Pape les bénit et donne l'accolade au nouvel Empereur. Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice clame l'assistance en une longue clameur qui résonne sous les voûtes.
L'interminable messe achevée, Pie VII se rend vers la sacristie. Il préfère ne pas entendre le serment civil que Napoléon prononce d'une voix forte, la main sur l'Evangile :
" Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la République, de respecter et de faire respecter les lois du Concordat et la liberté des cultes ; de respecter et de faire respecter l'égalité des droits, la liberté politique et civile, l'irrévocabilité des ventes des biens nationaux, de ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi, de maintenir l'institution de la Légion d'honneur ; de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur, et de la gloire du peuple français. "
Puis le héraut d'armes proclame :
" Le très glorieux et auguste Napoléon, empereur de Français, est sacré et intronisé. "
Napoléon sort de Notre Dame, une salve de cent un coups de canon commence… Le long cortège, encadré de 500 porteurs de torches regagnent les Tuileries. Le soir, Napoléon demande à sa " charmante Joséphine " de garder sa couronne pour un dîner en tête à tête…
Paris va fêter le sacre durant tout le mois de décembre 1804.
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